"En attendant Godin"

Déambulation artistique
Famislitère de Guise

Une commande dans le cadre du projet "Jardins en scène" de la Région Haut de France.
Résidences d'écriture et de création de mai à août 2023
Conception, co-écriture et Jeu : Clélia Tavoillot
Écriture, mise en scène et Jeu : Christophe Pujol
Composition et Musique : Heykel Bouden (violon et voix) et Pierre Bernon (guitare et voix)
Costumes : Costumotek Montpellier
Production : Sylvia Walosky

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Marie, l'ange du Familistère
Approchez Mesdames et Messieurs, approchez ! Aujourd’hui, exceptionnellement, le Jardin de la Presqu’île vous est révélé comme une passerelle vers l’autre monde. Ici, nulle brique, pas de ciment, aucune fenêtre. C'est un cadre d'après vie idéal que Monsieur Godin a mis en place dans ce jardin et pour vous en donner un aperçu, nous irons sur le chemin à la rencontre d’âmes d’anciens familistériens. Vous écouterez l'histoire de Jean et Simone, les amants du Familistère, vous croiserez Marcel, l'ancien gardien du jardin d'agrément et bien d'autres en attendant Godin.  Suivez-nous dans cette traversée au delà du tangible et pour ne pas vous perdre, suivez la musique...

Marcel, le gardien
[...]
Car tout d’abord, je dois vous dire que ceux qui vivent ici, y sont pour l’éternité, autant vous dire qu’il vaut mieux s’y plaire… Car l’éternité c’est long, surtout vers la fin, comme disait l’autre… Cela dit chacun est libre d’en partir quand il veut, mais pourquoi partir, bien que l’univers soit riche et infini, ici monsieur Godin nous propose un cadre d’après vie idéal…
Comme vous pouvez le constater, Monsieur a fait en sorte que nous vivions dans un endroit fait de nature et de calme et ça c’est remarquable car de son vivant, l’industriel de la fonte qu’il était, a construit un familistère de brique, de ciment et de verre. Les espaces verts c’était pas son truc, encore moins les petits jardins privatifs, mais une fois mort, dans cet autre monde où vous mettez les pieds, il s’est vite aperçu que murs et toits ne servait à rien, nul besoin de chauffage, ni d’eau courante, ni lieu d’aisance ou de buanderie…
Ben oui, si vous avez eu le privilège de mourir une fois dans votre vie, vous le savez sans doute, les contraintes de la vie sur terre ne nous touchent pas ici, alors chacun choisit de vivre où il veut et ce jardin est assez grand pour tous mais y’a des règles ! [...]

Jean-Baptiste Godin
[...]
Avez-vous apprécié cette visite du Jardin de la Presqu’île ?... Il faut dire que vous ne pouviez avoir meilleur guide et je pense que l’ange de ma vie vous a quelque peu explicité ce grand projet que je mène ici dans l’autre monde ; j’ai voulu cet endroit comme un « équivalent du Paradis », ici les âmes ont tout le confort et le respect nécessaire pour continuer leur travail… Car, si nous ne cessons jamais de vivre, vous l’avez compris, apprenez aussi que, nous ne cessons jamais de travailler… J’en vois qui ont l’air déçus, mais rassurez-vous dans l’au-delà le travail se fait sans peine, nulle cadence infernale, ici le temps n’existe pas, on y travaille sur soi, ou, pour des âmes plus subtiles on y travaille à aider les autres, pour certains hélas, alourdis par leur égoïsme ce travail peut être long, mais on a l’éternité pour quitter les pensées moribonde… [...]

Extrait de "En attendant Godin" par Christophe Pujol et Clélia Tavoillot